Au présent
6 fév 2009 par Daniel
Au présent
Dans l’instant
Le silence
La paix
L’espace
Avant tout déploiement
Avant tout jugement
Avant toute idée
Avant toute compréhension
Toute recherche, toute tentative de comprendre, tout mot qu’on prononce ou qu’on pense, s’en écarte. Pas vraiment, car l’espace englobe tout jaillissement, mais en le suivant, en se focalisant là-dessus, la perspective de l’espace tout autour semble perdue.
Ce présent, ici, est tout ce qu’on croit pouvoir trouver ailleurs, demain.
L’esprit fait des noms, des projections, des règles de fonctionnement en observant le présent, se rappellant du passé et essayer de prévoir le futur.
Mais tout cela c’est le job, le joujou, la raison d’être et en fait la seul « existence » de l’esprit.
Nous sommes la réalité que l’esprit essaye de « cadrer ». Il fait cela excellement pour prévoir la liste des courses, le résultat d’une équation, etc.
Mais il n’a rien à voir avec cette présence au présent, qui une fois perdue de vue, perdue dans notre sensation, perdue dans sa douceur immense, devient l’unique objet d’une recherche qui dirige, en fait, toute notre vie.
Nous baignons dans cette douceur, au début, lorsque nous somme l’enfant qui vient de naître. Nous jouons dedans, dans ce présent dense et excitant, toujours neuf, pendant les premières années de notre vie.
Puis nous organisons nos découvertes et essayons de dégager des règles, des connaissances, ce qui nous amène les félicitations de tous. Nous nous faisons caractériser par notre entourage : « lui , son dada, c’est la lecture », « elle, elle aime les animaux », « il est timide », « elle est gourmande », etc
Et peu à peu, nous investissons tout la dedans, car cela semble être le vrai monde, celui des adultes, ou le présent, l’immédiat, la douceur, ne semble avoir presque aucune importance.Et nous semblons perdre le contact.
Pourtant tout ca demeure exactement pareil. La douceur du premier jour de notre vie est là, maintenant, dans cet instant, au coeur de nous et au coeur de tout!
Bonsoir Daniel,
Que ces paroles sont douces et je ne doute pas un seul instant de leur origine.
« … Nous sommes la réalité que l’esprit essaye de “cadrer… »
J’aime bien ça! Ca me parle tout de suite même si, immédiatement , comme un furieux, je pars à la recherche précisement de celui-là qui est sensé être cette réalité…
Jusqu’à ce que cette évidence dont tu parles devienne la seule, l’esprit repart illico dans sa boucle , la seule en fait qu’il connaisse et la seule, à mon avis, qu’il est capable de connaître. C’est cette vision là, cette ultime pré-séance qui a le pouvoir de provoquer le fameux « lacher-prise »…et d’arrêter le chercheur dans dans son mouvement.
Par contre ce que je ne vois pas, c’est comment certains jours cette évidence là, peut ne plus l’être du tout (évidente) et avec quelle acharnement nous souhaitons(exigeons) qu’elle le redevienne…jusqu’à ce que ce mouvement là soit perçu à son tour comme n’étant pas nous.
Comme l’a si bien dit Denis Marie: »une expérience d’éveil n’est pas l’éveil »…Comme il a raison!
Comment un tel « oubli » est-il possible?
Merci d’une éventuelle réponse si le coeur t’en dit, et merci inconditionnellement de toute façon.
Bien à toi, Daniel.
Bonjour J. Marc
Merci pour ton commentaire!
J’ai fait hier une reponse depuis mon tél portable, qui s’est perdue dans une manoeuvre malheureuse…
Mais finalement je me suis dit que la réponse sur « l’oubli » méritait d’être fait sur un billet, car c’est une question tellement centrale…
J’ai donc immédiatement écrit deux billets là- dessus : « croire en la réalité » et « voir la réalité ».
En fait la (une) réponse se trouve aussi dans ton commentaire.
Il m’apparaît que l’on croit trop à ce qu’on voit, en venant d’un système où on croit à plein de chose, positive et négatives
En gros je vois dans ton enthousiasme sur mon billet, et dans ton expression « comme il a raison! » à propos des paroles de Denis, une certaine croyance positive en la réalité de tout ca, la réalité de la vision, la réalité des nos paroles, etc.
Et je me dis que placé « face » à la réalité, ce qu’on en fait souvent est de dire « ca, c’est vrai, c’est un bon truc bien positif en lequel je peux croire à fond ».
Alors que cette réalité n’est vue, sentie, expérimentée, que par la grâce d’une cessation (même très temporaire) de toute croyance, ou de toute présence de ces croyances au premier plan de notre vision.
La croyance étant une pensée, elle va fluctuer, et evidemment disparaître. D’où « l’oubli ».
Revoyant la réalité une autre fois, on va se dire « je l’ai retrouvée! comment avais-je pu la perdre? En tout cas j’avais bien raison d’y croire, car la voilà à nouveau, bien comme j’avais dit! »
Pourtant à y bien regarder, cette réalité est elle vraiment « la même »? Oui et non. Toujours changeante. Toujours réelle, donc actuelle, et donc toujours différente.
Toujours absolument réfractaire à se conformer à la moindre de nos croyance, souvenirs, descriptions…
A y regarder de près, la réalité sape toute nos croyances, toutes nos certitudes, toute nos expressions, descriptions, explications…
Elle ne fait pas naître de certitude à propos d’elle même ou d’autre chose.
Ce qu’elle engendre, ce qui émerge d’elle, nos pensées, nos croyances, etc, sont aussi vraies que tout le reste, mais rien de tout ca n’est « la réalité ». La réalité est « tout ca ».
La réalité ne fait qu’être. Et elle ne fait naître que de la réalité.
Bonsoir Daniel,
et merci de ta réponse.
Tout à fait d’accord avec toi pour dire que la croyance est un jouet comme un autre et que toutes croyances, même si certaines sont pires que d’autres, monopolisent l’attention et la dévie de ce qu’elle voit directement, sans filtre ni coloration particulière et aussi que l’esprit afin de « progresser »(et le chercheur, jusqu’à un certain point, veut progresser..) fonctionne sur ces croyances qui ne peuvent effectivement déboucher que sur ce qu’il a lui-même conçu, c’est-à-dire une idée de plus…
Dis-tu que la vision devient croyance dés l’instant où elle est saisie par le mental afin de la faire durer, se l’approprier bref la faire entrer dans les limites qui sont les siennes? Alors, retour à la case départ: qui est cet individu qui se propose de voir, croire, accéder à cette réalité?
Cela reste ce soir, à mes yeux le point central.
A bientôt.
Une croyance est une idée, et pour moi il n’y en pas de pire que d’autre dans le sens qu’elle sont toutes des idées.
La vision devient croyance… si on y croit, à cette « vision ». On parle de « vision de la réalité », et puis on continuer à parler de « vision ». Pourquoi ne parle-t-on pas de la réalité?
Si on a vu la réalité, on se fout de la vision! C’est la vieille histoire du sage qui montre la lune… là on parle de son doigt…
Ce que je dis est que si on regarde avec l’esprit, même en regardant la réalité, on fait de la croyance en l’éveil, de la croyance en la non illusion. Et on ne cesse pas d’avoir nos croyances comme système de base. Croyance positives et négatives. Croyances actuelle et oubliées. Croyance qui s’oublie, qui se ravive, etc.
La réalité est que ces croyances, idées, paroles, sont peu importantes. Pas très crédibles (au sens littéral : en lesquelles on ne peut pas croire). Et c’est la réalité qui montre ca.
La réalité est la source de toutes ces idées. Ces idées peuvent se tourner vers leur source, vouloir « voir », croire en tout ca, accéder à cette réalité. Elle peuvent se « regarder entre elle » et dire « ce nuage d’idées est un truc qu’on appelle un individu, je suis cet individu, et j’ai ces idées. »
Mais ca reste des idées.
Donc pas crucial.
Tout ca n’est pas crucial. Rien n’est crucial. Et ca tombe bien, la réalité est là, réelle, tout le temps : en abandonnant l’idée d’un truc crucial qui serait à régler, et qui serait le dernier, il ne nous reste que la réalité du moment, telle qu’elle est.
Ce qui a toujours le cas.
Je fais un petit billet sur l’individu pour essayer de calrifier un peu ca.
Bien à toi,
« …Une croyance est une idée, et pour moi il n’y en pas de pire que d’autre dans le sens qu’elle sont toutes des idées. »
Certes Daniel, certes…de ce point de vue là, oui…
Comment faire de la réalité qui se donne sans discontinuité dés qu’on cesse de « penser », une pensée qui ne cesse de se nourrir d’elle même dés qu’on refuse de cesser d’y penser.
Parle t-on encore là du doigt? Peut-être, mais je crois que sur la lune rien ne peut-être dit…Cest toujours à partir de l’individu que l’on parle, la réalité ne parle pas, comme tu le dis :elle se contente d’être.
Ton texte sur l’individu est parfaitement clair et c’est bien ainsi qu’il m’apparait.
J’aimerais aborder, si le sujet te parle, le malaise de fond qu’induit la condition individuelle, cette souffrance comme tu l’appelles.
Il me semble que tout geste, pensée, action ne sont en fait que réaction à ce malaise (peut-être est-ce personnel ). la prolongation de la personne en tant que telle est au prix d’une lutte constante, acharnée et desespèrée afin de ne pas voir ce qui sous-tend son existence. Dés que l’attention se déporte, décroche du premier plan, il semble que cette « dimension », véritablement abyssale (et à vrai dire absolument terrifiante pour l’esprit et apprehendée comme une sorte de mort…)englobe la personne et lui « redonne » sa véritable intégrité par fusion de ce qui semblait être soi dans ce qui permettait à ce petit « soi » d’être.
Je pense que c’est à manier avec précaution, et je n’ai ni exemple ni information autour de moi. Il semble que cela soit d’absolu dont il s’agit et d’une expérience que j’ai faite par deux fois, qui me laisse perplexe.
Je ne raccroche cela à rien de connu. rien dont on puisse dire quelque chose de relatif…
Qu’en penses-tu? Cela t’évoque t-il quelque chose que tu as vécu? et comment cette souffrante résistance bien cachée peut-elle se transformer en un « oui » à cette dimension?
Bien à toi, également.
Bonjour Daniel,
J’ai continué sur ta téponse avant-hier soir et apparement, le texte s’est volatisé…Dans un sens j’aime mieux car je crois avoir continué à parler du doigt… , et puis aussi d’une expérience que j’ai faite récemment, pour la seconde fois, et qui me laisse un peu perplexe.
Une peur monumentale est tapie sous tout ceci et en parler de mémoire n’a pas je crois un intérêt extraordinaire, le recul sur la peur étant bien souvent il me semble, un moyen de de la conjurer sans y faire vraiment face. Celle dont je parle est réellement vécue comme un anéantissement de la personne, je pressens qu’elle a un rapport trés étroit avec quelque chose de trés ancien (voire plus que ça) qu’aujourd’hui seulement j’ai moins peur d’aborder et qui, de ce fait, monte plus distinctement à la conscience. Une sorte de trou noir que j’ai soigneusement évité et qui transformait (et qui transforme encore) toute véritable spontanéïté en une réaction « construisant » cette personne que je suis aujourd’hui, cachant de façon totalement « inconsciente » (les guillemets pour dire qu’en fait je vois maintenant que cette vue plongante a toujours était là…) et prolongeant trés efficacement cette peur.
C’est tout nouveau pour moi, et aujourd’hui ma recherche semble se tourner davantage vers ce « trou noir » que vers une « spiritualité »qui n’a plus vraiment de sens sans ce recollement des profondeurs qui semble passer par une honnêteté et une sincérité et une CONFIANCE sans faille. En gros tout perdre pour « rien », juste parce que c’est là que mon coeur me dit d’aller et que ,je le sais, lui ne se trompe jamais.
Que de chemin pour cette boucle!
Je ne sais pas pourquoi je te dis tout cela et je ne suis pas sur que cela « cadre » avec ton blog. Peut-être que oui , peut-être que non.
En tout cas, je serai ravi d’avoir ton coup d’oeil sur ceci.
Bienà toi également, Daniel.
Bon, apparamment, le premier message en question n’était pas encore modéré…Je ne le relis même pas, je suis certain d’y trouver une tonne de contradictions…
Alors, Daniel quoi? Que fais-tu? Tu as une vie en dehors du blog?
Hi hi hi.
A bientôt.
Bonjour J.Marc,
Une peur bien enfouie, un trou noir soigneusement évité, une sensation d’anéantissement, et finalement l’impression d’avoir fait une boucle immense pour revenir là…
Oui, je crois que ca cadre!
Une citation je crois soufi disait « Vous avez fait un long voyage, pour arriver au voyageur »…
Cette peur et l’effet trou noir, c’est une sensation qui est venue à plusieurs d’entre nous au sein du groupe d’amis qui discute de ces sujets, semble-t-il à des moments où des éléments se clarifient, ou des pans d’une construction se détachent et tombent.
Ceci dit pour la peur je dirais que bien souvent je crois qu’il n’y a rien derrière. On pense avoir peur de quelque chose. Mais en fait je crois que le « quelque chose » qui avait ancré la peur, il y a bien longtemps, a disparu. Sauf qu’à cause de la peur, on y est jamais allé revoir… la peur garde un château vide.
Et au fond la seule chose dont on peut avoir peur, réellement, c’est de disparaitre. Donc à un moment de notre passé on a eu peur de mourir, pour une raison ou une autre. Et depuis cette peur est « la mère de toute les peurs » qu’on a. Pourtant à y regarder de près, on a assez peu de chance d’y passer en allant voir cette peur!
Donc oui, sincerité et honnêteté me paraissent un bonne approche pour y aller voir.
Mais il n’y a bien sûr rien à perdre. Seulement des armures, des ruses et des faux-semblants, des bobards et des histoires qu’on raconte aux autres et à nous même. Certaines gentilles et d’autres moins. En tout un fatras d’honnêteté incomplète, d’ouvertures pas franches, et d’atermoiements prudents.
Et rien à gagner, seulement la nudité, l’indéfinition permanente, l’incapacité totale de briller à un diner mondain, et l’amour au coeur en toute circonstance!!
« … la peur garde un château vide. »
« Et rien à gagner, seulement la nudité, l’indéfinition permanente, l’incapacité totale de briller à un diner mondain, et l’amour au coeur en toute circonstance!! »
Oui Daniel…et merci de ta présence.