Libérer l’instant
23 mar 2009 par Daniel
L’instant semble « perdu » par notre projection dans un autre temps, passé ou futur, pendant qu’on vit cet instant.
Dès qu’on se place dans une situation où on ne projette plus, un situation où on met passé et futur au rencart pendant quelques instant, le temps se dilate, l’instant est disponible, il semble durer plus.
Je pense qu’on a tous accès à ces moments « dilatés », même si on ne l’a pas réalisé. Un exemple qui peut parler à beaucoup peut être lors d’une relation sexuelle. Ayant désiré arriver à cela, et y étant arrivé, étant pour ainsi dire « en cours de satisfaction » du désir, les désirs d’autre choses ou les projections vers après ou avant cet instant peuvent avoir tendance à s’estomper largement!
De facon plus subtile, un dimanche matin où rien ne presse peut aussi fournir cette disponibilité.
Ce qui est important c’est que contrairement à ce que ces situation relativement rares (le dimanche n’arrivant qu’un jour sur 7, et l’autre situation ne pouvant en gros matériellement pas arriver plus de 12 fois par jour a peu près :-) ) peuvent faire penser,
La situation n’a en fait rien à voir avec la disponibilité ou la « dilatation » de l’instant.
Quand on cesse de projeter, on voit simplement le temps tel qu’il est :
présent et infini
Il est ainsi, que l’on projette ou non.
Cet instant présent disponible et infini est donc celui ou vous lisez ce mot au bout de cette ligne…
et tous les autres, sans exception, qui sont en fait le même.
Bonjour Daniel,
Désolé encore une fois de poser des questions « idiotes ». Comment arriver à ne pas se projeter – dans l’avenir ou dans le passé – ?
Cet instant présent est disponible, certes.
Infini?
En référence à tes deux exemples sur la disponibilité – que je reconnais – cela nous mène où? Parce que ce sont des instants vite rattrapés par d’autres instants.
Si l’objectif est l’Éveil – qui est déjà là – dit la tradition – que faire? Et s’il n’y a rien à faire, certains risquent de partir sans connaître Cela.
Est-ce que je me trompe?
Amitiés,
Mouloud
Bonjour Mouloud et merci de fréquenter avec assiduité ce blog ou je suis moi assez peu assidu!
Je crois qu’on « arrive » à ne pas se projeter quand on croit moins au résultat de cette projection. Quand on voit que se projeter ne fait vraiment rien de bon pour soi, sauf à écrire sa liste de course ou prévoir un week end, alors on en vient assez naturellement à le faire moins, ou avec moins d’intensité.
Je mets « arrive » entre guillemets car il faut bien voir que c’est se projeter qui est une action. On la fait. On a rien à « faire » ou « réussir » pour ne PAS la faire. « Se projeter » ne nous tombe pas dessus du coin du ciel. on le fait. et pour une foule de raison : se préparer, se rassurer, faire un choix sur des options, etc etc. Se sentir mieux qu’on est au présent, en se rappellant un passé qui était bien, ou en prévoyant un futur qui le sera. Souvent, s’échapper d’une manière ou une autre d’un instant qu’on juge sans intérêt.
Exemple : je dois rejoindre la femme que j’aime. je marche dans une rue que je ne considère pas. passe des porte dont je me fous, croise des inconnus qui m’indiffèrent, etc : en gros j’ignore tout ce qui est entre moi et le moment que j’ai visé comme étant désiré, mon but du moment.
Et je ne serait dans l’instant que lorsque cet instant aura les caractéristique visées : soit sur sa porte, ou dans ses bras, ou à lui parler, ou dans son lit… Et dès que c’est fait, on repart sur une nouvelle boucle.
Cette projection a fait de moi un mort vivant pendant tous les instants de vie que je n’ai pas considéré comme « éligibles ».
Donc
Moins croire en la projection
Nous permet de regarder l’instant présent (sans se projeter)
De voir qu’il est infini (car il ne cesse pas, c’est toujours l’instant présent)
Et donc qu’il n’y a pas « d’autres instants » qui ne serait pas l’instant présent.
Et que tout le bonheur sans objet, au delà de la joie ou de la dualité bien/mal, est dans cet instant présent.
Que « faire », dans ce contexte, pourrait donc être simplement, regarder l’instant présent, honnêtement, un petit moment, sans conclure trop vite, et sans (trop) se projeter ailleurs.
Merci, Daniel.
Je comprends tout – avec le mental. Mais ce n’est pas facile. Je vais être un peu subversif, si tu permets. Je me demande si Ramesh Balsekar n’avait pas raison en diant que c’est la Conscience qui décide du moment de l’Éveil et que nous sommes vécus.
Je provoque en quelque sorte. Juste pour obtenir des réponses qui réveillent.
Merci. encore une fois.
Alors je dirais deux choses presque opposées, pour réveiller !
Tu comprends tout avec le mental. Si je comprends bien, ce mental t’a amené quelque part, mais tu n’est pas super heureux de cet endroit où tu est arrivé avec ton mental. Le problème est il dans l’endroit lui même, ou dans le mental qui t’y amené? La réponse à cela devrait diminuer ta confiance dans ce mental! Si tu cherche avec le mental à te sortir de cette situation, cela a peu de chance de marcher.
Par ailleurs, si tu arrive à vraiment croire qu’une Conscience va décider du moment de ton éveil, alors cela devrait aussi te relaxer (ca dépends pas de toi), et donc aussi diminuer la confiance en ce mental qui lui te dit qu’il va t’y amener, à ce maudit éveil, et avec les dents s’il le faut!
Très juste! Merci, Daniel.